J'ignorais qu'un jour je mourrai d'envie d'acheter un cadre pour y mettre des photos d'elle. Je ne savais pas à quel point on peut être heureux dans une voiture, alternant les regards : une fois pour elle, une autre pour le ciel, rempli d'étoiles. Je découvre avec effroi que ma vie avant n'avait jamais de saveur, elle était une succession de plaisirs qui se déguisaient en bonheur. Saloperies d'illusions, elles vous font toujours tomber de haut. 
L'amour ce n'est pas ça. Ce n'est pas capital, comme les amis, la religion, la musique, la littérature, le sexe, la famille, la drogue. Non, l'amour est vital. Il faut le faire passer avant tout pour espérer faire de sa vie une oeuvre d'art. Point barre.
J'ai rêvé il y a quelques jours qu'un médecin m'annonçait qu'il ne me restait qu'une semaine à vivre. On aurait pu m'annoncer cela en mai, cela ne m'aurait fait ni chaud ni froid. Dans mon rêve, je pleurais, j'allais la voir, je la serrais dans mes bras, et ne voulais pas mourir. En me reveillant, j'ai compris ce que l'expression "raison de vivre" signifiait réellement.
Pendant 20 ans j'ai cherché sans le savoir ce que j'ai trouvé aujourd'hui. C'est étrange. J'ai une furieuse envie d'aller voir l'abruti de 18 ans qui buvait avec A. au Hangar à Bananes et qui riait quand ce dernier lui parlait d'amour. On ne rigole pas avec ces choses là. Quand on aime, on fait moins le malin. Tant que je peux me réveiller à ses côtés, j'vous en supplie, laissez moi me réveiller.